Maintenant, vous y voyez plus clair ?
J'INAUGURE UNE SERIE FACILITATRICE DE VIE. Le principe : prendre une expression courante ou un terme de jargon (notamment journalistique) et l'illustrer. Je me lance.
La balance des blancs...qu'est-ce que c'est ?
On pourrait vous faire croire que c'est l'étape incontournable de tout journaliste reporter d'images (JRI) qui veut tourner des images non bleutées. Son rédacteur placerait ainsi une feuille blanche devant l'objectif de la caméra afin que son comparse effectue le réglage lumineux.
On vous ment.
La vérité, c'est : Nul doute que bien souvent, les deux situations s'enchevêtrent pour ne former plus qu'une.
Si l'audience est au rendez-vous, je vous le promets, il y aura d'autres "Maintenant, vous y voyez plus clair ?".
Grand reporter mannequin
MEA CULPA. Dans un précédent post, je mettais en doute les qualités journalistiques d'Adriana Karembeu. En fait, cette femme est révolutionnaire. Avec elle naît un nouveau genre de journaliste, le grand reporter mannequin. Elle est la première à l'avoir compris : le would-be journaliste en 2006 est grand reporter mannequin. Ou n'est pas.
Avant de saluer la Mme Irma de la profession, je souhaiterais honorer celle qui a su lire par-delà les "fourches caudines" de l'article L-761-2 du Code du travail qui porte sur les "Journalistes professionnels". Le titre VI dudit bouquin est consacré aux "Journalistes, artistes, mannequins", dont le fameux article précité n'est qu'un dérivé. Devant la clairvoyance de la juriste, je m'incline.
Ivresse de la métamorphose
UN JOUR DE FEVRIER MOROSE, l'Esj nous a offert de jouer le rôle d'un critique de films, celui qui va voir des films en avant-première n'importe où dans l'Hexagone. Notre projection à nous fut plus prosaïque et se distilla sous forme d'exercice obligatoire en sprint pour ne pas dire en speed. Invitation expresse dans le grand amphi.
1,2,3…dansez ! de Marilyn Agrelo sonne comme le signal de départ d’une compétition. C’est vrai, ce documentaire suit les élèves des écoles publiques de New York qui se battent en duo et surtout en rythme pour remporter le trophée de la meilleure équipe de danse. Au programme : merengue, fox-trot, tango, rumba. Des danses de salon quand on a entre 10 et 12 ans, ce n’est pas un pari pour les enseignants. Alyssa Polack, maîtresse à l’école de Tribeca y voit « un élan dont les enfants ont besoin ». Ceux-ci sont presque tous immigrés, en majorité de République dominicaine et vivent « à 97% dans la pauvreté », rappelle la documentariste.
Les premiers pas sont maladroits et hésitants, mais au fil des huit semaines de préparation, les élèves ne lâchent plus prise : ce sera à qui représentera le mieux son école. A travers l’apprentissage de la danse, on découvre des élèves mûris, investis et très au fait des règles de l’art sensuel. Entre chaque séquence de danse, Marilyn Agrelo a pris soin d’insérer les réflexions des enfants. Quand les filles discutent de leurs sentiments pour les garçons dont certains comme Kelvin se révèlent « gentlemen » et très bons danseurs, les garçons débattent sur les exigences des filles envers leur gent.
Mais au-delà de la tranche de vie de ces écoles publiques, la réalisatrice délivre un message citoyen où le rêve de l’intégration américaine est encore possible. Wilson ne parle pas anglais. Son professeur de danse communique en espagnol avec lui. Qu’importe, il permet à son équipe de se qualifier pour la finale. Le plus juste dans ce film, c’est que ces élèves souvent difficiles partent à la découverte des danses de leur pays d’origine. Finalement, on oscille constamment entre la fierté de ces apprentis danseurs et celle de leurs mères –plus rarement de leurs pères- qui placent dans leur progéniture tous les espoirs de réussite qui les ont menées jusqu’aux Etats-Unis.
Fermer pour mieux grandir
Le musée d’Art moderne de Villeneuve d’Ascq a fermé ses portes au public le 29 janvier dernier pour une durée de deux ans. Le temps d’une rénovation et d’un agrandissement pour cette pinacothèque ouverte en 1983. Le musée profite de la durée des travaux pour déployer ses ailes à l’extérieur. Derrière les portes closes, un monde parallèle s’anime.
DU COTON ET UN SECHE-CHEVEUX traînent sur la table blanche adossée à une série d’étagères ouvertes. Ce n’est pas le décor d’une salle de bains mais celui de la salle de réserves et de restauration des sculptures du musée d’Art moderne de Villeneuve d’Ascq (MAM). Depuis une semaine, les quatre restaurateurs de sculptures s’affairent quotidiennement dans la petite salle du premier étage qui contient près de 500 œuvres. Après les avoir inventoriées, la restauratrice Laure Chavanne vérifie leur état et consolide les plus fragiles d’entre elles. « La plupart des dégâts surviennent au cours d’un déménagement », précise la jeune femme. D’ici le début des travaux en avril, les quelque 5 000 œuvres du musée et les 38 000 ouvrages de sa bibliothèque auront trouvé un hôte de substitution. Le musée du Grand Hornu en Belgique accueillera la majorité de la collection permanente issue des donations de Jean et Geneviève Masurel en 1983 et de l’association L’Aracine en 1999. D’autres œuvres de Picasso ou de Robillard s’envoleront sous bonne escorte –calées et calfeutrées dans une boîte individuelle- au Japon pour une exposition d’un an qui s’ouvre au début du mois d’avril.
Les années 2006-2008 seront celles d’un musée « hors les murs », scande Joëlle Pijaudier-Cabot, la conservatrice en chef du musée d’Art moderne. Pour ses soixante-dix employés, la fermeture au public n’induit pas fatalement l’arrêt de toute activité. Le service éducatif du musée continuera d’aller à la rencontre des élèves, notamment ceux de maternelle et de primaire. Dans les collèges et lycées de la région, des salles EROA (Espaces rencontre avec l’œuvre d’art) accueilleront ponctuellement les tableaux et sculptures prêtées par le musée. Le bulletin d’information muséal continuera d’être édité.
Malgré le foisonnement de projets « hors les murs », Sylvie Ferey, la chef du service éducatif culturel du musée, ne cache pas le bouleversement que provoque la fermeture d’un tel musée, dans la paysage de la métropole lilloise comme chez les employés : « Les panneaux de signalisation qui indiquent le musée ont été masqués, c’est comme si on disparaissait du paysage culturel ». 120 000 personnes ont visité le musée en 2005. Drôle d’ambiance, donc, au sein des murs « qui se vident de leur âme initiale », poursuit Mme Ferey. Les quinze guides sous contrat avec le musée tentent de sauver leur place en collaborant aux projets « hors les murs ». Cependant, tous savent que le musée doit passer par cette transition difficile pour, à l’avenir, améliorer la capacité d’accueil du lieu. Et renouer avec le succès public qui l’a porté jusqu’à aujourd’hui.