mercredi, février 08, 2006

Fermer pour mieux grandir



Le musée d’Art moderne de Villeneuve d’Ascq a fermé ses portes au public le 29 janvier dernier pour une durée de deux ans. Le temps d’une rénovation et d’un agrandissement pour cette pinacothèque ouverte en 1983. Le musée profite de la durée des travaux pour déployer ses ailes à l’extérieur. Derrière les portes closes, un monde parallèle s’anime.

DU COTON ET UN SECHE-CHEVEUX traînent sur la table blanche adossée à une série d’étagères ouvertes. Ce n’est pas le décor d’une salle de bains mais celui de la salle de réserves et de restauration des sculptures du musée d’Art moderne de Villeneuve d’Ascq (MAM). Depuis une semaine, les quatre restaurateurs de sculptures s’affairent quotidiennement dans la petite salle du premier étage qui contient près de 500 œuvres. Après les avoir inventoriées, la restauratrice Laure Chavanne vérifie leur état et consolide les plus fragiles d’entre elles. « La plupart des dégâts surviennent au cours d’un déménagement », précise la jeune femme. D’ici le début des travaux en avril, les quelque 5 000 œuvres du musée et les 38 000 ouvrages de sa bibliothèque auront trouvé un hôte de substitution. Le musée du Grand Hornu en Belgique accueillera la majorité de la collection permanente issue des donations de Jean et Geneviève Masurel en 1983 et de l’association L’Aracine en 1999. D’autres œuvres de Picasso ou de Robillard s’envoleront sous bonne escorte –calées et calfeutrées dans une boîte individuelle- au Japon pour une exposition d’un an qui s’ouvre au début du mois d’avril.
Les années 2006-2008 seront celles d’un musée « hors les murs », scande Joëlle Pijaudier-Cabot, la conservatrice en chef du musée d’Art moderne. Pour ses soixante-dix employés, la fermeture au public n’induit pas fatalement l’arrêt de toute activité. Le service éducatif du musée continuera d’aller à la rencontre des élèves, notamment ceux de maternelle et de primaire. Dans les collèges et lycées de la région, des salles EROA (Espaces rencontre avec l’œuvre d’art) accueilleront ponctuellement les tableaux et sculptures prêtées par le musée. Le bulletin d’information muséal continuera d’être édité.
Malgré le foisonnement de projets « hors les murs », Sylvie Ferey, la chef du service éducatif culturel du musée, ne cache pas le bouleversement que provoque la fermeture d’un tel musée, dans la paysage de la métropole lilloise comme chez les employés : « Les panneaux de signalisation qui indiquent le musée ont été masqués, c’est comme si on disparaissait du paysage culturel ». 120 000 personnes ont visité le musée en 2005. Drôle d’ambiance, donc, au sein des murs « qui se vident de leur âme initiale », poursuit Mme Ferey. Les quinze guides sous contrat avec le musée tentent de sauver leur place en collaborant aux projets « hors les murs ». Cependant, tous savent que le musée doit passer par cette transition difficile pour, à l’avenir, améliorer la capacité d’accueil du lieu. Et renouer avec le succès public qui l’a porté jusqu’à aujourd’hui.