Ce que montrent les médias
Les images venues d'Asie nous ont montré beaucoup de poulets mais peu de malades. Pour la Chine, plutôt normal. Pékin n'est pas friand de transparence. Pour les autres pays, on pourrait arguer que les journalistes ne veulent sciemment pas montrer des mourants.
Mais voilà, les chaînes turques l'ont fait. Depuis que le village de Van, situé aux portes de l'Iran, a obtenu le statut peu envié de nouveau foyer du virus H5N1, les JRI du monde affluent et posent leurs trois pieds aux confins de l'Occident.
Et ce matin sur i-Télé, la chaîne info de Canal + qui reprend les EVN (images) d'une chaîne turque, un reportage me glace. Un linceul blanc qu'on enterre. Il plie sous le poids d'un corps. Ce corps, c'est celui de l'adolescente qu'on voit sur le plan suivant. Soutenue par ses proches et les médecins, Fatma marche vers l'ambulance. Puis elle dort, agonisante, entre deux couloirs dont on ne sait s'il s'agit de sa chambre (et là une question se pose : l'hôpital de Van est-il si vétuste ?) ou de la salle d'attente. Un garçonnet aux grands yeux verts et aux cils longs est blotti contre elle : son frère, Muhamed, 5 ans.
Le reportage finit par prendre un peu de distance. On y voit les médecins, qui ont "tout fait pour la sauver, mais elle est arrivée trop tard, 5 jours après l'apparition des premiers symptômes de sa maladie", dit le médecin-chef de l'hôpital. Puis le journaliste dissèque la politique anti-pandémique prise par Ankara.
De prime abord choquée, je crois qu'il nous faut plus d'images réalistes. D'accord, les cas de grippe aviaire sont encore limités. Mais montrer une victime sous un autre angle que le chiffre statistique qui la désigne, c'est lutter contre l'hypocrisie d'un pays, d'une société ou du monde, qui refuse de voir la réalité en face.
Et pour les journalistes, ouvrir les Van de la grippe aviaire permet de lutter contre les tentatives -réussies ou ratées- de censure de l'image.
3 Comments:
Je trouve scandaleuse l'indifférence de ce gouvernement de droite vis-à-vis des dindes turques. Par conséquent presque européennes. Est-ce parce que ces volatiles sont un peu plus bronzés que les nôtres que nous les laissons décéder de l'autre côté du Bosphore, sans même leur envoyer un de nos joyeux "clowns d'hôpitaux" pour adoucir leur agonie ? Non, non et non. Tout ça c'est la faute à Sarko.
Kimberley C., présidente du mouvement "une autre mondialisation est possible (pour les bêtes souffrantes)"
C'est rhénial, j'ai plein de potes !!!
Oh là, elle va se calmer la Kimberley C... c'est pas très diplomatique de parler de tout ça alors que tu es sur le point de partir en mission franco-turque dans le détroit du Bosphore. Mission top secret of course, Sarko n'est pas au courant....
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